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Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006

Le mouvement des Gilets Jaunes se poursuit, il aura un an le 17 novembre

Ceux qui suivent ce blog le savent, nous avons avant même la première manifestation en novembre 2018, soutenu le mouvement des Gilets Jaunes. Macron y a répondu par le mépris et la répression et les mesurettes qu'il a prises, la mascarade de débat qu'il a organisé, n'ont rien réglé et n'ont aucunement répondu au profond mécontentement populaire. Certes le petit monarque de l'Elysée a réussi avec une féroce répression qui a consisté à blesser des centaines de personnes, à en arrêter des milliers, à dissuader des dizaines de milliers de gens de descendre dans la rue. Certes des éléments fascistes et violents infiltrés dans le mouvement ont aussi contribué à ce que Macron visait : la division du peuple, le doute sur la stratégie employée par les Gilets Jaunes, la crainte d'un déchaînement de violence touchant les plus pauvres en particulier déjà victimes d'une violence sociale gravissime. 

Toutefois, les Gilets Jaunes dans leur diversité n'ont pas cédé et ils ont poursuivi leurs manifestations et initiatives diverses, leur présence sur certains médias. Traversé par de multiples contradictions politiques et idéologiques, ce mouvement est sans doute l'un des plus originaux de ce début de siècle. Original dans sa durée, original dans sa radicalité et original dans sa composition sociologique et politique. Des éléments proches du RN ou influencés par l'extrême-droite y côtoient des proches des mouvances anarchistes, gauchistes, communistes, insoumise même si les  citoyens sans engagement politique en sont la composante majoritaire. Quoi de plus logique dans un mouvement qui émane du peuple que l'on retrouve l'expression de la diversité politique du peuple ? Au delà des sensibilités politiques ce qui semble bien caractériser la sociologie de ce mouvement c'est l'appartenance à la classe ouvrière pour un grand nombre de personnes et des couches notamment rurales les plus exploitées au premier chef, avec des membres des couches populaires moyennes qui ont sont touchées de plein fouet par la régression sociale actuelle.

En fait on y retrouve la diversité du peuple qui exprime sa colère, en particulier des couches les plus exploitées mais aussi celles qui craignent le déclassement social et se préoccupent très fortement pour l'avenir de leurs enfants.

Tous expriment des revendications et des aspirations qui sont celles de millions de gens face au néo-libéralisme, ils ont largement conscience que le pays est dirigé par des hommes et des femmes qui ne sont pas de leur classe. Que les politiciens, dans leur grande masse, ont un rôle de domination pour défendre des intérêts qui ne sont pas les leurs et qu'ils sont aidés en cela par des médias possédés par la grande bourgeoisie.

Cela les conduit à exprimer une légitime colère fondée sur de réelles souffrances, vécues dans leur corps et au plus profond de leur être psychique et social. Le sentiment que le pouvoir les méprise au plus haut point, sentiment renforcé par les discours condescendants de la classe politique en général et de Macron lui même, arrogant, provocateur, calculant ses provocations médiatiques pour faire sentir au "petit peuple" sa puissance, celle de de sa classe qui a trusté l'appareil d'Etat avec sa police, sa justice, et ses courtisans. Le mépris de classe qui est une constante de la bourgeoisie atteint avec les macronistes son paroxysme dans le masure où il est relayé massivement par les médias.

Cependant si ce mouvement a été soutenu par une majorité de français, que des millions de gens y ont trouvé l'expression plus ou moins pertinente de leurs préoccupations, il peine à rassembler ces millions de gens qui  l'ont vu avec sympathie et qui s'en sont éloignés, sans rompre avec,  en raison de la stratégie macroniste de la provocation et de la violence; en raison du doute porté sur la stratégie du mouvement si une stratégie existe. En effet,  les agents politiques de la macronie dans les médias ont mis en place une stratégie de la peur qui a consisté à montrer des images de blessés par LBD, de personnes gravement atteintes par la répression pour dissuader les citoyens de se rendre dans les manifestations. Il suffisait pour cela de provoquer les éléments les moins expérimentés pour faire monter en eux le sentiment de révolte, leur laisser croire qu'ils pourraient investir les lieux du pouvoir, les nasser, les matraquer et face à leur riposte parfois violente leur tirer dessus, si possible à hauteur de tête avec les dégâts que l'on sait. Cette stratégie de la peur ne peut que générer de la colère mais aussi de la crainte car pour des millions de gens, il n'est pas question de se rendre à une manifestation si de tels risques  portés à leur intégrité physique sont à prendre. 

Alors comment le mouvement peut-il rassembler davantage ? 

1) Le mouvement laisse penser que Macron devrait répondre aux revendications. Or tout montre qu'il n'y consentira jamais sauf si une crise politique d'ampleur inédite s'exprimait par la mobilisation de millions de gens dans tout le pays ce qui n'a pas eu lieu mais qui peut se produire.

2) Le mouvement doit donc se poser la question prioritaire du rassemblement et des convergences. Cela signifie que le mouvement doit être beaucoup plus ouverts et travaille davantage avec tous les acteurs des luttes actuelles : hospitaliers, juristes, enseignants, cheminots, ouvriers, employés, jeunes lycéens et étudiants, militants pour l'environnement, mouvements féministes, syndicats etc...

3) Le mouvement doit concevoir une stratégie donc qui rassemble mais qui ne crée aucune illusion : avec Macron on ne discutera pas, on lui imposera un rapport de force qui arrachera des droits et des mesures sociales, fiscales et économiques en faveur des couches populaires que si on réussit à être des millions en lutte, que si c'est toute la société du travail, du salariat ouvrier et employé, du petit et moyen entrepreneur, commerçant ou artisan, toutes les couches non capitalistes qui se mobilisent.

4) On ne peut mobiliser les gens que si ils se sentent libres de leurs actes et de laconception même de leurs luttes et des formes qu'ils entendent y donner. Or le rétrécissement opéré par les Gilets jaunes dans leurs formes d'action d'un appel à manifester chaque samedi tout en abandonnant la majorité des ronds points ne les a t-il pas coupés des autres citoyens ? 

Est-ce possible que des millions de gens entre dans le combat ? Si  nous observons des exemples comme celui du Liban, du Chili ou encore de l'Algérie, on voit dans ces mouvements une forte unité nationale qui n'est pas le fait d'une minorité mais d'une grande majorité de citoyens. C'est parce que les gens sont blessés, meurtris par des politiques qui les font souffrir mais aussi parce qu'ils prennent conscience que des oligarchies qui dirigent trahissent les intérêts nationaux qu'ils se mobilisent. La convergence intérêt social et intérêt national forment le ciment de ces luttes unitaires.

La stratégie des Gilets Jaunes ne peut pas donc être seulement celle de continuer qu'avec ceux qui portent le fameux gilets, ni celle de se mettre à la remorque de forces politiques, mais de constituer l'une des composantes d'un mouvement plus vaste du peuple , un mouvement qui de fait posera fortement la question sociale et nationale comme incontournable. Les fascistes du RN l'ont bien compris et cherchent à récupérer des éléments dans toutes les luttes pour leur démagogie politique en vue des futures élections. Toutes les forces politiques vont être tentées par ce jeu malsain à droite comme à gauche. Or le peuple est en train de faire l'expérience que ce jeu politicien est un piège qui conduira Macron à tirer les marrons du feu et à poursuivre une exploitation des forces populaires et des forces du travail jamais atteinte depuis des décennies. Ainsi Macron va réessayer sa méthode pourrie de faire monter l'extrême-droite, pour se présenter de nouveau comme le cygne blanc immaculé de la démocratie contre la menace du RN.

Le capitalisme est confronté à sa crise structurelle : il a besoin d'élargir et d'approfondir l'exploitation d'un plus grand nombre de personnes sur la planète afin de rentabiliser la masse immenses de capitaux. Mais ce faisant il affaiblit relativement à ce qu'elle devrait être  la force de travail mondiale créatrice de richesses. Le peuple français n'est pas épargné par cet événement historique majeur car les capitalistes se font concurrence pour la baisse du coût du travail dans des proportions du niveau de la valeur jamais atteinte dans l'histoire de l'humanité et recherchent aussi pour cela à privatiser toute activité économique au détriment d'une socialisation indispensable de la propriété des moyens de production, d'échanges, de recherche et d'éducation. 

Le capitalisme est donc dans une phase de destruction massive de valeurs sociales, de services publics et de toute relation non marchande dans les sociétés qui après la deuxième guerre mondiale, avec les luttes d'indépendance anti-coloniales et les sociétés qui se disaient "socialistes" se sont développés (Sécurité sociale, caisses de chômage, collèges et universités publiques, nationalisation des énergies et des transports, etc...). Cette crise du capitalisme se traduit  également par une guerre économique beaucoup plus intense menée pour des intérêts privés, indépendant des peuples, qui conduisent à des choix fondés essentiellement sur l'argent, des choix de classe contraires à l'intérêt général des nations.

Le mouvement des Gilets Jaunes est donc une manifestation particulière de la réaction de catégories qui pressentent ce nouveau monde capitaliste qui déshumanise les rapports sociaux et isolent les gens en les appauvrissant, en les méprisant et surtout en les surveillant par un contrôle policier et technologique beaucoup plus sophistiqué qu'auparavant. Le mouvement des Gilest Jaunes qui se rapproche des mouvements ecologistes anti-capitalistes pressent aussi les futurs crimes écologiques que le mode de production capitaliste fait déjà subir à la planète et à toute l'humanité.

Le week end dernier , plus de 500 gilets Jaunes se sont réunis à Montpellier et ont travaillé en atelier sur les questions suivantes :

  • Rôle et structuration de l'Assemblée des Assemblées 

  • Comment retrouver un lien avec la population ? 

  • Comment travailler concrètement avec les autres mouvements ? 

  • Identifier nos adversaires et nos alliés

  • Comment s'organiser face à la répression ? 

  • Comment agir dans le contexte des élections municipales ? 

  • Anniversaire du 17 novembre

Pendant plusieurs heures, les groupes ont débattu sur chacune des thématiques. 
Les réponses apportées ont été résumées puis soumises aux gilets jaunes sur le terrain.

Les gilets jaunes ont décidé de participer aussi à la grande mobilisation sociale du 5 décembre à l'appel des syndicats et des salariés en lutte, c'est un grand pas pour la convergence des luttes.

 

 

 

 

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