Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006
31 Mai 2008
Beaucoup de Creillois me font part de leur inquiétude concernant le présent et l'avenir de notre commerce de proximité, en centre ville et dans nos quartiers. Ils ont raison car celui-ci
est menacé. Je veux ici apporter ma réflexion sur cette question essentielle au développement économique de notre cité et de notre agglomération.
Il est très important de défendre le petit commerce et l'artisanat. Tout
simplement parce que le commerce de proximité établit une relation humaine qui n'existe pas ou presque plus dans les grandes surfaces. A l'heure où le pouvoir de la finance tente de libéraliser
totalement l'installation des grandes surfaces qui ne seraient plus soumises à aucune règle en la matière, au moment où se développe une économie fondée sur une mentalité du chacun pour
soi, les valeurs de proximité, de relation humaine prennent une importance particulière. Les petits commerçants et artisans sédentaires et non sédentaires jouent un rôle social qu'ils ne
soupçonnent pas toujours eux-mêmes, ne serait-ce par la convivialité qu'ils offrent à une population qui en a bien besoin. Il en est ainsi en particulier de catégories d'habitants qui ne
possèdent pas de véhicules ou qui sont à mobilité réduite, comme certaines personnes âgées, et qui ne peuvent ou ne désirent se rendre dans les grandes surfaces.
La grande distribution, elle, peut difficilement répondre à ce besoin de proximité, d'humanité. Les caisses sans hôtesse où c'est au client d'enregistrer ses produits sont à cet égard symptomatiques de cette déshumanisation. Du fait de son gigantisme mais surtout de sa nature fondée sur une rentabilité maximum en minimum de temps, la grande distribution ne voit le client que comme une cible marketing dont il faut pressurer le porte-feuille au maximum. Elle est directement liée aux intérêts de la finance internationale, en cassant les prix sur certains produits, elle rattrape ses marges sur le reste et réalise d'énormes profits sans pour autant améliorer les conditions de travail de ses salariés, ni créer tous les emplois qui seraient nécessaires. Son seul souci est l'argent, comment essayer d'en gagner toujours plus en vendant des choses dont pour beaucoup d'entre elles il serait possible de se passer et qui sont hélas très souvent produites dans des conditions d'exploitation des travailleurs et parfois même d'enfants, à travers le monde, qui sont inacceptables.
En abusant des méthodes marketing qui fichent les gens et surveillent leurs habitudes de consommation (carte électroniques de fidélité, cartes de crédits, traçage sur internet etc...) elles contribuent à une société de mise sous contrôle marchand des citoyens.
En France, si la grande distribution existe et fait partie de la vie quotidienne des gens, il ne s'agit pas
d'être passéiste et de la condamner mais nous devons exiger de ceux qui en profitent de payer les salariés du commerce au prix de leur travail,
qu'ils puissent avoir leur mot à dire, qu'ils soient correctement rémunérés et ne subissent pas le chantage des heures supplémentaires et du travail du dimanche comme obligation pour
essayer d'améliorer chichement le revenu de chacun.
Les petits commerçants et artisans quant à eux ne doivent pas se décourager face au phénomène de la grande distribution, ils ont tout intérêt à s'organiser. Se plaindre
tout seul dans son coin ne fera jamais avancer d'un iota les revendications. Le problème c'est que souvent l'individualisme l'emporte sur l'action collective. Il n'est pas juste non
plus de reporter toutes les causes des difficultés sur la municipalité.
Alors que faire ? Pour Creil on ne peut que souhaiter que l'association des commerçants soit plus forte, plus dynamique et plus unie. Le passé a laissé de
mauvais souvenirs, des polémiques stériles, qui n'ont pas permis à l'ensemble des commerçants de faire progresser leur cause.
Oui, il faut des commerçants et artisans qui se regroupent et se défendent. Pourquoi ? Parce qu'ils doivent se faire entendre auprès des autorités, auprès de la municipalité, des Conseils régional et général, des chambres consulaires, mais aussi auprès des banques afin que ces dernières aident à l' installation de jeunes entrepreneurs et débloquent des crédits favorisant l'activité économique, et ce à des taux intéressants !
Hélas la financiarisation de l'économie démontre de plus en plus l'adage "on ne prête qu'aux riches" et
souvent à des taux bien plus élevés que l'inflation, parfois même à deux chiffres !. Raison de plus pour ne pas laisser faire. Les élus peuvent et doivent intervenir et je ne
partage pas les discours qui appellent à la résignation et au défaitisme, voire à la fatalité. Notre municipalité peut agir par exemple auprès des banques et organismes
financiers ainsi qu'auprès des divers fonds prévus pour le commerce et l'artisanat pour aider les commerçants qui en auraient besoin. Avec mes collègues de la municipalité nous allons
prendre à bras le corps la question de la défense et du développement du petit commerce pour étudier notamment les possibilités que nous offre la loi tenant compte que certains décrets
d'application sont tout récents ce qui peut expliquer parfois le retard entre le vote d'une loi et son application effective.
Nous voulons parler franchement aux artisans et commerçants : "c'est tous ensemble que l'on s'en sortira, organisez vous, unissez vos talents et vos expériences, car les habitants vous
apprécient et cela c'est une chance qu'il faut savoir saisir. En retour la municipalité peut aider les associations des commerçants sédentaires et non sédentaires en les associant
systématiquement à toutes les réflexions avant prises de décision de la municipalité. Elle peut prendre des initiatives de promotion de notre commerce local en y associant la
population, les associations, nos commerçants et artisans. Des opérations thématiques ou liées à des événements culturels, sociaux, sportifs peuvent être très porteuses pour l'activité
commerciale. Il faudra aussi consacrer du temps à des rencontres sur une véritable réflexion avec nos concitoyens sur l'équilibre entre les zones commerciales périphériques et le
commerce de proximité. Nous voulons veiller à une maîtrise équilibrée de l'activité commerciale.
Ainsi j'appelle les commerçants et artisans à suivre le travail du SCOT (Schéma de cohérence territoriale) mis en place par les élus de la grande agglomération qui prévoit la concertation avec les habitants et les différents acteurs économiques. Il faut faire vivre ce SCOT afin qu'il ne soit pas une machine technocratique mais un véritable outil au service des acteurs économiques et sociaux de nos territoires.
La zone de Saint Maximin est devenue un géant où le côté humain et la relation sociale sont totalement
exclus ! C'est le rôle d'une municipalité de limiter ce genre de d'extension dévoreuse d'espaces. La ville ne doit pas être obnubilée seulement par l'appât du gain que procure la taxe
professionnelle, elle doit avoir une politique réfléchie du développement urbain en veillant aux infrastructures pouvant irriguer le territoire dans une perspective de développement concerté
entre les collectivités! Une ville ne peut pas se défausser non plus de ses responsabilités sur les villes voisines et il est urgent d'avoir un grand projet d'agglomération qui
permette de penser tous les équilibres longtemps à l'avance et en concertation avec les autres communes. C'est aussi son rôle d'utiliser les avantages d'une loi comme celle du 2 août
2005 qui permet pour une municipalité ou une communauté de mieux contrôler les implantations et les cessions de fonds artisanaux et commerciaux et de favoriser un équilibre des
activités commerciales.
Enfin un des aspects et non des moindres est celui du pouvoir d'achat des gens. Une revalorisation générale des salaires et des pensions est urgente. Or le gouvernement ne parle que d'heures
supplémentaires, alors que beaucoup de gens sont au bout du rouleau, exploités, sous pression, exténués par des heures de travail et de transports ! Cela est particulièrement
vrai pour une grande partie de la population creilloise. Et lorsque les gens font des heures supplémentaires souvent pour une rémunération très faible, c'est du temps en moins pour leurs
loisirs et donc du temps en moins pour aller dans nos commerces. Le capitalisme financier comme politique n'a jamais donné du pouvoir d'achat et n'en donnera pas davantage dans les mois qui
viennent à la grande masse des habitants de notre ville. C'est justement lui qui tue le petit commerce et l'artisanat puisque les gens ont de bas salaires, de petites
pensions, un pouvoir d'achat très insuffisant !
Il est donc urgent que les salariés et les commerçants ensemble agissent pour une augmentation générale du
pouvoir d'achat !
Je veux rendre hommage à nos commerçants de proximité, sédentaires et non sédentaires. J'en connais plusieurs à Creil : ils prennent le temps de vous parler, ont le souci du client
et sont attachés à la vie de notre cité. C'est cette relation de qualité qui est la chance du commerce de proximité et c'est cela que notre municipalité doit et
peut promouvoir. C'est cela que j'ai mis en avant dans ma campagne électorale et c'est cela que j'entends continuer de défendre au sein de la municipalité en assumant pleinement mes
responsabilités de maire-adjoint à l'urbanisme.
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