Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006
17 Février 2007
Marché de Creil ce matin : Du soleil légèrement brumeux ce matin, de quoi pointer son nez dehors de bonne heure et de bonne humeur. Après avoir accompagné la petite à l'école, je me suis rendu sur le marché où m'a rejoint ma camarade Yvette. Nous avons distribué le tract présentant les propositions de Marie-George Buffet pour la santé expliquant l'urgence de financer la protection sociale pour aller vers une couverture à 100% pour tous, notamment en faisant contribuer les revenus financiers, et en confiant la gestion de la sécurité sociale aux assurés sociaux contre toute étatisation ou privatisation de notre système. Premiers militants sur le marché, nous ne sommes pas restés longtemps seuls en haut des marches de la Place Carnot, puisque Jean-Claude Villemain du parti Socialiste et quatre de ses camarades sont venus distribuer le journal intitulé "Pacte présidentiel de Ségolène Royal" dans lequel la candidate présente ses 100 propositions. En fait un catalogue de mesures mais qui ne font l'objet d'aucune explication sur leur financement.
les militants du PS, du PCF, du PRG, de LO et de l'UDF
distribuaient les tracts des candidats
Le problème n'est pas tant combien cela va coûter mais comment va-t-on le financer ? Tous ceux qui expliquent qu'ils vont changer la vie des français sans dire comment ils financeront leurs mesures nous demandent en fait un chèque en blanc. Les travailleurs, les gens du peuple, les jeunes des quartiers doivent se mêler de politique et harceler les candidats et leur militants en leur posant la question : qui payera et comment ? Il faut des réponses claires. Je n'ai pas lu non plus dans le tract distribué par le seul militant de l'UDF sur le marché, le moindre indice de réponse à cette question, : qui payera et comment seront financées les mesures de François Bayrou. M. Bayrou annonce pour toutes les entreprises la création de deux emplois "sans charge". Ce qu'il appelle des charges en fait ce sont les cotisations sociales. Et si l'entreprise ne les paie pas qui les paiera ? Cherchez l'intrus ! C'est fantastique la démagogie en période électorale : c'est une baguette magique qui dans les promesses dispense tout le monde de payer mais à l'arrivée ce sont surtout les salariés, les foyers modestes et les cadres qui règlent la douloureuse et le grand patronat, les actionnaires du CAC 40 qui eux n'ont jamais tant vu leur fortune s'accroître ! Le tract d'Arlette Laguillier, distribué par deux militants de Lutte Ouvrière, se contente de critiquer le programme de Ségolène et de condamner Sarkozy, sans la moindre proposition. Enfin j'ai croisé trois militants du Parti Radical de Gauche qui diffusaient aussi leur tract qui d'un côté appelle à voter pour Ségolène Royal et de l'autre présente les candidats du PRG dans les 7 circonscriptions législatives de l'Oise. Ils m'ont interpellé sur l'avenir de la gauche à Creil, émettant quelques critiques à l'encontre des socialistes locaux qui seraient divisés. Je leur ai dit que pour moi cette cuisine interne était bien loin des préoccupations des gens. Que l'urgence était de travailler avec les habitants à construire un projet mobilisateur pour répondre ensemble à leurs besoins. C'est cela qui fera que les citoyens donneront du sens à l'action politique et à leur engagement. Alors les egos des uns et des autres, les divergences entre Christian et Jean-Claude, franchement comme disent certains "on n'en a rien à cirer !". Je leur ai dit aussi que je voulais m'investir encore plus dans cette bataille pour que Creil non seulement reste à gauche mais qu'elle puisse vivre au quotidien encore plus ses valeurs de lutte et de solidarité, que c'est justement en refaisant vivre davantage nos valeurs que nous gagnerons.
N'oublions pas que la gauche pourrait perdre à Creil si elle ne réussit pas à rassembler concrètement les citoyens dans les luttes. Pour rassembler il faut écouter, travailler avec tous sans exclusive, débattre, échanger des arguments et non des jugements sur les uns et les autres. Pour gagner il faut inviter les citoyens à l'action, il faut avoir le courage de se remettre en question. Comme je l'ai dit aux militants du PRG, il faut prendre la mesure de l'échec de 2002, la mesure du rejet de notre peuple contre l'Europe libérale, pour comprendre qu'il est temps de changer de pratique politique et que tout soutien au libéralisme conduira la gauche à l'échec. Car les victoires électorales ne suffiraient pas si une politique anti-populaire était de nouveau mise en oeuvre par le Parti socialiste et ses alliés. De nouveau le peuple ne leur pardonnerait pas et de nouveau la droite et l'extrême-droite en sortirait vainqueurs. Sans attendre, la gauche creilloise doit se ressaisir ! Les chantiers ne manquent pas : la pénurie de logements, la défense et le développement de notre hôpital public, l'exigence d'une liaison ferrovière entre Creil et Roissy, des moyens beaucoup plus importants pour l'enfance et la jeunesse, pour le développement culturel et social, la nécessité d'une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi, d'une offre d'enseignements supérieurs beaucoup plus large, et surtout l'installation d'entreprises et la création d'emplois dans ce sud de l'Oise. Tout cela pose en grand les moyens budgétaires pour la commune et donc l'exigence d'une réforme de la fiscalité qui permette une taxe nationale sur les actifs financiers des entreprises dont le produit avec une péréquation nationale serait réparti de manière à corriger les inégalités entre le communes, afin que soient aidées celles qui comme Creil ont une population modeste, un taux de chômage élevé et peu d'entreprises sur son territoire.
Tout cela demande aussi un grand projet d'agglomération qui mobilise les citoyens et toutes les énergies de notre bassin de vie !
Un projet qui soit travaillé avec tous sans exclusive : les acteurs économiques (salariés, commerçants, artisans, professions libérales, patrons), les élus, les jeunes, les associations, les habitants. Un projet qui ne se limite pas au cadre bien trop étroit de la CAC actuelle mais qui viserait à construire une cohérence de territoire liée à notre histoire, à notre géographie, avec la mise en valeur de tous les atouts que recèle notre grand bassin creillois.
Les résultats des présidentielles à Creil seront déterminants : un bon score de Marie-George Buffet donnera un signal fort pour que la gauche y compris au niveau local choisisse la voie de l'anti-libéralisme et d'une pratique démocratique de lutte. Car c'est là que le bât blesse, la gauche creilloise et ses élus devrait passer beaucoup plus de temps à aider les citoyens à s'organiser pour intervenir sur les problèmes qu'ils rencontrent. La pratique délégataire de la démocratie est encore trop vivace dans notre ville. Des citoyens pensent encore que les élus vont régler leurs problèmes et quand ils font l'expérience que les élus n'y sont pas parvenus, ils en tirent la conclusion que la politique c'est de la m... Il y a une vraie crise de la représentativité et il ne sert à rien de critiquer le maire qui est de plus en plus confronté à ce système de délégation de pouvoir. Ce système est un véritable piège si l'on ne développe pas une pratique participative de la démocratie. Or aujourd'hui à Creil, la démocratie participative semble en panne. Le système dominant de démocratie délégataire qui désormais atteint ses limites, enferme l'équipe municipale dans des contradictions telles que certains en arrivent à chercher les causes des difficultés dans les erreurs personnelles ou dans les traits de caractères de certains élus. C'est le système délégataire qu'il faut dépasser, celui de penser que le maire et son équipe pourront à eux seuls régler les problèmes de nos concitoyens. Il faut aller vers une représentativité des élus non seulement légitimée par le suffrage universel mais en permanence validée par un travail qui consiste à promouvoir l'action des citoyens, pour que chacun devienne un artisan du devenir collectif. Et cela passe par la création d'espaces construits avec les citoyens de façon libre, non contrainte, où chacun se sente à l'aise, où la parole des gens soit valorisée, écrite et transmise, avec des méthodes de travail qui permette l'échange, la réflexion, mais aussi et surtout l'action. Par exemple qu'est-ce qui empêche Christian Grimbert, d'appeler à des Etats généraux des quartiers de notre ville, pour que les habitants expriment dans des cahiers leurs doléances, qu'on décide ensuite avec eux, à partir de leurs demandes d'élaborer un programme municipal ? Un tel travail conduirait nos concitoyens à se sentir encore mieux considérés par la municipalité mais surtout permettrait de faire la part des choses entre ce qui est du ressort municipal et ce qui ne l'est pas. Une telle démarche aurait aussi l'avantage que le programme municipal ne serait pas seulement l'oeuvre de quelques têtes pensantes des partis politiques de notre ville, mais celle de centaines voire de milliers d'habitants. Un vrai travail d'éducation populaire et de valorisation de l'action politique en quelque sorte qui mobiliserait les gens. Qu'est ce qui empêche notre maire d'appeler nos concitoyens à se mobiliser avec pétitions, manifestations, et toute forme d'action démocratique pour exiger que notre ville et notre agglomération puissent enfin être reliées à Roissy par chemin de fer ? Ou encore de les inviter à la lutte pour exiger de l'Etat des moyens pour le logement social, en ramenant par exemple la cotisation des entreprises pour le logement de 0,45% à 1% de la masse salariale. L'action en cours pour l'hôpital public est un exemple de ce qui peut se faire en la matière : des élus ont commencé à débattre sur le terrain avec les usagers de l'hôpital et avec le personnel et ont proposé aux citoyens de signer une pétition. Voilà où est la place d'un maire : avec les gens, au porte à porte, dans les quartiers, sur le marché, devant les usines et pas seulement dans les réunions ou cérémonies officielles. Pour donner envie aux citoyens de participer, il faut que les hommes politiques mouillent la chemise et aient l'humilité de se mettre au niveau des gens là où ils vivent et là où ils travaillent.
Les hommes et les femmes de gauche et de progrès peuvent compter en tout cas sur les communistes pour travailler à cette conception d'une gauche qui lutte, se rasssemble, une gauche du courage qui n'abdique pas face au pouvoir de l'argent ou de l'arrogance des puissants, qui fasse vivre la démocratie en permanence et pas seulement pendant les périodes électorales.
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