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Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006

Faire des enjeux économiques des questions populaires

On ne gagne jamais sans stratégie !
 
Tous les hommes politiques sont d'accord : il faut créer des emplois, il faut que les gens soient logés, il faut qu'ils puissent vivre décemment, il faut, il faut....Pourtant, il suffit de voir l'écart entre les discours et la réalité pour comprendre pourquoi nos concitoyens n'ont pas une bonne image de la politique. Plus le capitalisme se développe plus il révèle sa nature inhumaine . Pour l'accumulation de l'argent en profit capitaliste tout, je dis bien tout, doit être sacrifié. Quel paradoxe ! Plus l'Humanité est capable de créer des richesses, plus la productivité du travail est grande, plus s'agrandissent  les populations qui meurent de faim, plus croît le nombre de gens sans emploi et sans abri, plus l'exploitation, la prostitution, la vente d'armes et l'esclavage des enfants prennent de l'ampleur. Curieux non? Pas si bizarre que cela pourtant.
 
 Ce ne sont pas des phénomènes naturels dont il s'agit  sur lesquels  les hommes n'auraient aucune maîtrise, non ! Ce sont des phénomènes qui résultent des choix politiques de quelques hommes aux différents niveaux des appareils d'Etat tous voués à répondre aux exigences des membres des conseils d'administrations des multinationales. Parfois comme aux Etats-Unis, voir même en France, les mêmes qui sont ou qui ont été à la tête de grandes entreprises sont les mêmes que l'on retrouve à la direction de l'Etat. Mais tout cela ne tombe pas du ciel. Il a fallu des décennies pour que le capitalisme trouve cette maturité, cette symbiose capital/Etat pour en arriver à un capitalisme, certes mondialisé, mais reposant sur des réalités nationales et étatiques.
 
 Pour que le capital puisse poursuivre son business en toute tranquillité, il est impératif d'exercer une coercition sur les populations, de faire en sorte que les gens soient conduits à adopter le mode de vie qu'on leur impose et donc à s'adapter aux exigences des entreprises. Tout le discours "bien-pensant" actuel nous explique que le salut serait de se "vendre". Vocabulaire marchand par excellence qui dénote la nature même du capitalisme : l'homme pour lui n'est qu'une source  de profit.
 
A  partir de là, toutes les stratégies politiques découlent de cet impératif : faire un maximum de profit dans un temps le plus court possible pour rentabiliser l'énorme masse de capital qui existe à l'échelle mondiale. Mais le macro-économique n'existe pas sans le micro-économique, sans que les grandes stratégies ne reposent sur des réseaux locaux de stratégies au plus proches des populations pour les maintenir sous un contrôle social et politique répondant aux objectifs fondamentaux de rentabilité du capital.
 
A ce titre, l'expérience vécue en terme d'économie locale à l'échelle du sud de l'Oise peut être riche d'enseignements. Pour aller vite, après les décisions d'en finir avec des industries inadaptées en matière de rentabilité dépassant les deux chiffres de croissance (casse de Chausson à Creil-Montataire par exemple avec 5000 emplois en moins), on a assisté dans le grand bassin creillois à une désindustrialisation sévère diminuant les capacités des collectivités à répondre aux besoins des gens. A cela s'ajoute une crise nationale du logement dans laquelle la construction sociale est sacrifiée  sur l'autel de la spéculation foncière et immobilière se traduisant par une crise locale du logement qui représente un véritable bombe à retardement. Sans parler d'une transformation asphyxiante  de l'hôpital public qui, considéré comme non rentable, paie les frais d'un libéralisme dévastateur.
 
 Evidemment face à de telles situations, il faut du courage pour relever les défis. Il faudrait s'attaquer aux causes réelles des difficultés en cours qui ne sont rien à côté de celles qui risquent de se multiplier si les citoyens laissaient les seuls politiciens s'occuper de leur sort.
 
Car en toute lucidité, quelles ont été les stratégies employées ces dernières décennies par ces politiciens locaux, départementaux, régionaux et nationaux: les mêmes en fait, qui se résument en une seule "accompagner le capitalisme dans son évolution prédatrice et inhumaine". Rares sont ceux qui ont osé s'opposer à cela. Et quand bien même ils l'ont fait, malgré la sympathie des populations, voire de quelques mobilisations, le système a bien fonctionné pour liquider la richesse humaine de nos industries, pour déstructurer le tissu social, pour déployer une pédagogie du renoncement à la lutte et à l'autogestion politique.
 
En toute lucidité, il a été convenu entre la gauche et la droite que puisque le "capitalisme était indépassable" l'heure n'était plus à la lutte de classes, mais à l'accompagnement social de l'évolution capitaliste, sorte de compromis historique qui a conduit à nous expliquer que les plans de licenciements ne sont pas des plans consistant à mettre à la rue les gens mais de véritables plans dits  "sociaux" !
 
D'un côté "tu me laisses faire mon business", de l'autre "ne m''embête pas trop sur mon fief politique, en échange j'exerce le contrôle des gens pour qu'ils se tiennent à carreaux si possible en les assistant avec quelques expédients qui leur permettront de survivre".Hélas il est arrivé que mêmes certains qui se disaient "communistes" sont tombés dans ce triste panneau de l'abandon de la lutte de classe pour un pauvre plat de lentilles : celui de l'illusion qu'il suffisait de  posséder un titre pour que le peuple vous le décerne ad vitam aeternam.  Le hic dans l'affaire c'est que le capitalisme fait tellement de dégâts que le système craque de partout et que le "socialisme" de contrôle des populations commence à atteindre ses limites.
 
Figurez vous que l'on veut quand même nous resservir ce très indigeste plat !   On entend ici et là de doctes savants qui déclarent que la solution pour l'agglomération creilloise serait que les populations s'adaptent à la demande des entreprises. Il est vrai que si demain un PDG chinois vient "offrir 500 emplois" par la création d'une entreprise sur notre territoire, mais payés 300 euros mensuels, ce sont les mêmes doctes savants de la nomenklatura locale qui viendront nous dire que l'on a pas le choix et qu'il faudra accepter.  Les mêmes nous diront que l'Education nationale risque d'effrayer les patrons en surdiplômant les jeunes, ou que le rôle d'une société publique de développement économique c'est de faire de la formation, de l'insertion, mais pas de proposer des stratégies industrielles et d'engager des prospections d'entreprises puisqu'il faut d'abord adapter les gens ! Autrement dit, le peuple n'est pas bon, changez de peuple !
 
Des esprits chagrins disent que ces dernières années, nos élus du sud de l'Oise n'ont pas fait grand chose pour tirer le meilleur  profit d'un projet comme celui du canal Seine-Nord, ni celui de  la ligne ferroviaire Creil-Roissy, ni encore celui d'un pôle industriel automobile ! Horreur, vous n'y pensez pas tout de même ? Arrêtez de dire des gros mots : industrie ? Industrie ? Vous avez dit Industrie ?
 
Vraiment les révolutionnaires que nous sommes n'ont rien à voir avec ceux qui nous louent les médiocres avantages d'un aplatissement devant le capitalisme et nous  combattrons sans merci leur stratégie suicidaire. Nous la combattrons sans répit en rassemblant largement pour que les habitants s'emparent des enjeux économiques et en fassent leurs biens, leur propriété, leur patrimoine commun.  La lutte pour la transformation radicale de la société commence à l'échelon local pour gagner la périphérie et le global. Après 40 ans de tromperies de dirigeants politiques bien serviles à la cause du capital, la lutte transformatrice ne fait que commencer !
 
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