Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006
1 Mars 2007
François Bayrou obéit à une idéologie de la conciliation à n’importe quel prix.
C’est un promoteur, depuis quelque temps opiniâtre, de la pondération. Il se croit original, il n’est qu’une énième version de l’équivoque et de l’incertitude dans le paysage politique. Il plaît probablement à un certain pourcentage d’électeurs parce qu’il récuse le conflit au nom d’une pacification des esprits. Rien, selon lui, ne doit aboutir à l’affrontement.
Il ne conçoit pas qu’il existe des intérêts antagonistes et que le semblant de programme qu’il propose succombe aux contradictions et appelle la résignation du plus grand nombre.
Pour lui, il existe toujours un moyen de s’entendre, un arrangement en perspective. Il est un partisan du pour et du contre. Le "bon sens" l’anime. On connaît la chanson : il faut prendre le "bon" des uns et des autres et rejeter le "mauvais", procéder à un mélange des vertus. Le "bon sens" a bon dos.
C’est, le plus souvent, l’intelligence invoquée par ceux que les complexités rebutent. En gros, François Bayrou ménage la chèvre et le chou. Il cherche à persuader la première de ne pas trop bouffer le second, comme si d’être bouffé, ne serait-ce qu’un peu, ne constituait pas un dommage. Homme d’un juste milieu, il souhaite que les veaux promis à l’abattoir aient le droit de négocier une prime de risque avec leurs égorgeurs et que les uns et les autres mettent en commun leurs compétences respectives au nom de l’équilibre. C’est un modéré, c’est-à-dire, pour reprendre la réplique d’Anatole France « qu’il est modérément contre ». Ne rien changer tout en soutenant le contraire est son credo.
Il se refuse à formuler une mesure sociale conséquente pour n’avoir pas, dit-il, à se trahir. Il confond, ainsi, les promesses prodiguées à tort et à travers avec l’énoncé de mesures indispensables à améliorer un quotidien. Il s’inquiète de la pléthore des fonctionnaires locaux et projette d’installer des préfets ou leurs sous-fifres dans chaque quartier. Lui qui accuse ses concurrents de complaisance s’abandonne à une débauche de prudences qui mine d’emblée la moindre tentative de changement vrai.
C’est en quelque sorte un démagogue par faiblesse qui argumente ses carences en les sublimant. Il est beau, sincère, scrupuleux, et par-dessus tout, il s’insurge contre « le système ».
Johnny Hallyday aussi dont la rébellion sombre aujourd’hui dans l’épicerie et des accommodements regrettables.
Genica Baczynski
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