Carnet de campagne
Sur le marché de Creil plateau
Ce matin après avoir distribué un tract annonçant la venue à Creil de Marie-George Buffet aux salariés des Marches de l'Oise, je suis allé avec mon camarade Mahamadou le diffuser sur le marché du plateau de Creil. Là nous rencontrons Jean Pitkevicht qui est venu nous donner un coup de main. Les militants de l'UMP sont aussi présents comme ceux de Lutte ouvrière. Une jeune femme qui vient vers moi me dit "Ils n'ont pas peur les gars à Sarkozy de venir ici ? En tout cas ils peuvent toujours courir, ils n'auront pas ma voix", j'essaie de savoir qui aura ses faveurs, mais la jeune femme n'en dit pas plus. Avec Mahamadou nous expliquons que Marie-George viendra soutenir la lutte pour l'hôpital public de Creil le 23 mars : cela fait tilt, manifestement les gens sont très préoccupés par l'avenir de notre hôpital. Bien sûr il y a quelques ronchons, voire quelques anti-communistes qui lancent "Pff....C'est de la connerie tout ce qu'elle dit" mais il y aussi ceux qui s'interrogent sur leur vote.
Une dame me dit "Il faut que la gauche l'emporte, mais votez pour Ségolène ça ne m'enthousiasme pas, elle est trop molle et elle donne l'impression d'être d'accord avec tout le monde". Quand je lui parle de la candidature de Marie-George Buffet, elle ne dit pas non, mais elle reste dubitative "Qu'est ce qui ferait que elle, elle serait différente des autres ?" Je précise alors que Marie-George Buffet fait des propositions pour que l'argent soit utilisé autrementet surtout qu'on fasse contribuer le grand capital financier. La dame m'écoute avec attention mais n'en dira pas plus. C'est avec un sourire qu'elle repart toutefois avec le programme de Marie George en poche.
Cette fois c'est un militant de droite qui passe et vient vérifier qui nous sommes : je le reconnais c'est Alexandre Varlet. Il me connait aussi en faisant référence à mon blog qu'il dit consulter. J'indique à Mahamadou que l'homme est membre de l'UMP, mais Alexandre Varlet rétorque qu'il n'est pas adhérent de l'UMP et qu'ainsi il reste libre. J'éclate de rire et lui dit qu'on ne me l'a fait pas à moi celle-là, je précise à Mahamadou que c'est un secret de polichinelle que le sieur Varlet est un militant de droite de longue date, un anti-communiste déclaré, qui de surcroît a la ferme intention de se battre contre notre municipalité de gauche à Creil, comme il ne s'en cache pas non plus sur son blog que je consulte de temps en temps. Sûr qu'on le reverra, mais nous ne serons pas du même côté car les intérêts des gens de notre cité et ceux du grand capital défendus par Sarkozy sont diamétralement opposés.
Un homme d'une cinquantaine d'années me lance "de toute façon elle ne pèse rien votre candidate, elle n'a aucune chance"...Curieux raisonnement comme si les sondages avaient déjà décidé à la place du peuple.
Une femme m'entend parler de l'hôpital, elle s'approche, je la vois intéressée : elle est infirmière à l'hôpital , elle viendra certainement rencontrer notre candidate le 23 mars. Ce sont environ une dizaine de personnes qui me diront qu'elles sont intéressées à rencontrer notre candidate pour lui parler des problèmes de la santé et de l'hôpital. Je vois d'anciennes connaissances qui viennent me saluer avec beaucoup de chaleur, il est vrai que ce quartier, j'y ai vécu toute mon enfance, toute mon adolescence, j'y ai enseigné plus de dix ans à l'école Freinet, alors forcément ça crée des liens. Ces différentes personnes expriment de la sympathie pour les idées de Marie-George Buffet mais aucune ne dira qu'elle votera pour elle. Les gens restent discret ou disent pour qui ils ne voteront pas. Si pour certaines personnes il y a un refus de la droite, en tout cas on ne sent aucun enthousiasme pour une mobilisation de la gauche : cela parait bien flou pour les gens, comme si il y avait une perte de repères très forte. Même si quelques uns rappellent que la lutte de classes est une réalité.
Comme ces trois jeunes hommes, français d'origine algérienne qui me disent être communistes de coeur et qui, comme un reproche, me rappellent combien il faut être plus présents avec les gens du quartier, combien la pauvreté et la misère ont gagné du terrain. Résister, lutter, ne pas baisser les bras. Ils sont anti-capitalistes, ils admirent Chavez et la révolution vénézuélienne. Ce sont des hommes comme ça qu'il faut me disent ils. Oui il faut des millions de personnes qui agissent contre le capitalisme, c'est un long travail de conviction, au quotidien, au plus près de ceux qui souffrent et qui n'ont que les chaînes de l'exploitation et de la précarité à perdre et tout un nouveau monde à construire, une civilisation enfin humaine à inventer. Il y a des jours comme cela, au contact des gens de notre peuple, qui me rendent encore plus communiste.
Même si ces élections présidentielles sont ultra cadrées par l'appareil médiatico-idéologique des puissants, par des sondages qui sont plus utilisés pour influer sur l'opinion que pour la connaître, le travail de fourmi que nous entreprenons portera ses fruits un jour ou l'autre. Le plus tôt sera le mieux, car la souffrance sociale et démocratique est trop grande, si grande qu'elle peut aussi déboucher sur le pire. Mais travaillons pour le meilleur qui ne peut passer que par la démocratie, le partage, la coopération et n'oublions jamais la maxime : Vivre c'est lutter !