Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006
8 Avril 2018
La grève générale n'est pas une utopie. Elle est possible. Certains diront qu'elle est nécessaire voire indispensable.
La crainte de la classe dominante c'est que les grèves s'unifient, qu'elles deviennent plus étendues sur le territoire et touchent davantage de secteurs. Une généralisation suppose un profond mécontentement mais pas seulement.
Il faut que la conscience de l'unité de la classe laborieuse prime sur les idées corporatistes et il faut une progression du nombre de personnes qui aient une vision de classe et donc de la lutte de classes. Si des gens pensent que leur situation est particulière , ils ont raison, car chaque situation d'exploitation est singulière. Mais si ils ne s'attachent qu'à leur propre situation comme si elle était une anomalie passagère du système alors ils ne prendront pas le chemin de l'unité combative de l'ensemble de la classe laborieuse.
Que manque-t-il alors à des millions de salariés ,? Il manque la théorie c'est à dire la réflexion globale qui étudie le particulier pour en tirer la généralité, qui en tire des enseignements universels pour l'action concrète de chaque personne dans une mise en commun des expériences, des vécus de chaque salarié. Il manque la liberté de parole, le témoignage, l'échange sur les conditions de travail et de vie de la classe exploitée. Il manque le partage de connaissances philosophiques, historiques, sociologiques, économiques encore trop éparpillées, trop conçues comme des disciplines universitaires réservées à une minorité et non des outils pour la vie et pour la lutte des exploités. Autrement dit il manque un immense chantier politique autonome et construit dans les luttes de la classe laborieuse.
Certes , la période électorale des présidentielles en particulier a permis un foisonnement de débats et de réflexions, surtout avec la candidature de Mélenchon, même si celle-ci par sa nature électorale et la personnalisation exacerbée de cette élection a limité la réflexion sur le processus démocratique à entreprendre.Cependant depuis l'élection de Macron, la déception des milieux populaires, de la classe laborieuse a conduit des millions de gens non pas à désespérer mais à se résigner, comme si il fallait attendre les prochaines élections.
Certes les réseaux sociaux, l'internet, le téléphone portable permettent de nouvelles formes d'échanges mais les gens restent physiquement isolés. Il manque donc des espaces de rencontres, de dialogue, d'échange de paroles. La grève doit servir aussi à cela : se rassembler pour dialoguer, débattre, s’organiser pour le coup suivant, peut être pour préparer la grève générale. Mais alors pour quoi faire la grève générale ?
Le mécontentement de larges couches de la population est grand. Beaucoup de gens refusent leur situation, pour de nombreuses personnes, elle est insupportable, inhumaine, intolérable. Les conditions de travail se dégradent dans de très nombreux secteurs, la précarité, la mise en concurrence des salariés, les salaires très bas, les inégalités de statuts et de traitement, les pressions exercées par les directions avec des méthodes de management humiliantes, tout cela provoque de la colère.Plus globalement "La révolution en Marche de Macron" vise à modifier totalement l'ordre social et politique pour affaiblir le peuple, le livrer toujours plus à l'exploitation dans les conditions du marché mondial actuel.
L'expérience des élections politiques pour des millions de salariés et de gens précaires, c'est que c'est toujours la classe des riches qui gagne (sous différentes étiquettes droite, socialiste, macroniste) car elle mobilise d'énormes moyens, des sommes colossales d'argent pour sa propagande, pour semer la confusion idéologique, pour diviser les gens dans des débats politiques qui n'ont rien de politique mais tout de politicien notamment en utilisant l'extrême-droite avec ses idées pourries et sa fonction de repoussoir électoral.
La grève générale c'est donc un moment pour lutter en faveur des revendications de chaque secteur mais aussi en faveur de la démocratie et de faire avancer la démocratie par des initiatives de partage, de rencontres entre les gens, entre des gens qui font partie du peuple mais qui ne se parlent jamais et qui s'organisent enfin solidairement pour tenir pendant la grève (nourriture, entraide et aliments de l'esprit par le débat de ce qu'on doit faire en rejetant la propagande et les idéologies de division de la classe capitalistes). A l'instar de la caisse de solidarité créée pour les cheminots.
La grève générale permet de donner de la force aux revendications et d'arracher des victoires, car toutes les grèves générales de l'histoire ont conduit soit à une élévation forte de l'unité des salariés et sinon des conquêtes de leurs droits, leur maintien, et dans les meilleurs des cas des progrès sociaux et politiques importants.
Macron peut bomber le torse, les capitalistes ont toujours peur des grèves, non pas seulement parce qu'elles bloquent la production et donc l'accumulation du capital, mais surtout parce qu'ils savent très bien qu'elles sont des moments de solidarité et de construction des consciences politiques des exploités. Des moments d'organisation des exploités contre les exploiteurs.
C'est dans les grèves, et davantage encore dans la grève générale que se posent avec force les questions de l'organisation de la société. En cela la grève est éminemment politique, elle peut devenir l'école de la mise en pratique d'une auto-organisation populaire pour décider d'une autre société que celle de l'accumulation de l'argent et d'une consommation malsaine et destructrice de l'homme et de la planète.
Non seulement la grève générale peut faire reculer le pouvoir mais elle peut surtout jeter les bases d'une avancée considérable du projet politique de la classe laborieuse pour une société organisée pour et par elle et non plus pour les intérêts des capitalistes.
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