Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006
6 Novembre 2010
Constitution du Comité Local d'Agitation Creilloise
Ce que nous venons de vivre ces dernières semaines est porteur d'avenir : beaucoup de militants, de citoyens en conviennent, il s'est passé quelque chose de nouveau dans le pays que certains estiment être le début d'une organisation inédite du mouvement populaire. D'ailleurs les directions syndicales et politiques ont été surprises, elles qui en général expliquaient à qui voulait l'entendre que la résignation était dominante dans les esprits et que pour cette raison, il ne fallait pas "rêver" à de très grandes mobilisations, inscrivant dans la durée celles-ci et repoussant toujours l'idée de la préparation d'une grève générale. Or force est de constater qu'elles n'avaient pas du tout prévu l'ampleur du mouvement parce qu'lles sont trop souvent éloignées de la base et que la bureaucratisation de ces directions les conduit souvent à s'intégrer au système capitaliste avec toutes les tares qui sont les siennes. Or ce serait se méprendre que de penser que notre peuple n'a pas conscience que le capitalisme n'est aucunement la solution pour construire une société humaine. Seulement il a fait l'expérience ces 40 dernières années que les stratégies de la gauche syndicale et politique ont à chaque fois mené à l'échec. C'est pour cette raison qu'il entretient une très grande méfiance vis à vis des partis politiques en particulier et qu'il reste très dubitatif sur l'intérêt de se syndiquer outre les pressions patronales, même si l'on peut penser que le mouvement actuel va favoriser un regain de syndicalisation ou tout au moins une avancée de l'action collective dans les entreprises et, il faut l'espérer, de façon interprofessionnelle.
Certains pensent que la création d'un nouveau parti anticapitaliste ou d'un Front de gauche permettra de surmonter les erreurs du passé. Je n'y crois pas parce que ces deux tentatives retombent dans les schémas politiciens des alliances politiques sans prendre en considération la spécificité du mouvement populaire naissant. Pourtant des militants sincères, attachés à la cause du peuple soutiennent ces tentatives qui pour moi sont une impasse. Une impasse dans la mesure où elles se limitent à un rassemblement restrictif dans le cadre des institutions et notamment d'élections qui sont tailléees sur mesure pour que le capitalisme reste maître du jeu, comme le sont les présidentielles. Une impasse parce qu'en voulant mobiliser les gens pour des machines électorales on les détourne de l'essentiel : la lutte de masse dans les entreprises et les quartiers sur des bases de classe pour construire une autre société.
A contrario de l'enfermement dans des campagnes électorales verrouillées quant à l'enjeu de classe, il faut se souvenir du débat qui avait eu lieu en 2005 pour le référendum sur la constitution européenne : les citoyens ont dû se déterminer sur le fond et non en faveur d'un homme, d'une femme ou d'une organisation spécifique. Ce fut un grand moment de vie politique qui a permis à la démocratie de fonctionner et a conduit à la victoire du Non.
Mais depuis les deux plus puissantes machines politiques du pays ont bafoué le suffrage universel au Congrès de Versailles, et la gauche radicale est restée sur des positions désuètes à l'égard de la crise que nous vivons. Par exemple je ne soutiens pas l'idée qu'il faut partager les richesses tout simplement parce que que ce qui est à l'ordre du jour, ce n'est point de partager, mais de tout prendre et d'en finir avec le capitalisme.
C'est de répondre à la question "Quelle société voulons-nous ? Celle de l'argent ou celle de la solidarité ?"
L'avalanche de décisions anti-sociales qui va s'accélérer et la déferlante de la deuxième édition du tsunami financier qui arrive vont dévoiler la véritable nature criminelle du capitalisme qui, confronté à sa crise systémique, doit impérativement répondre aux exigences de rentabilité de ceux qui détiennent la richesse et le pouvoir par une méga surexploitation des peuples. Pour cela ils sont prêts à détruire tout, absolument tout ce qui a été conquis depuis deux siècles et notamment, dans notre pays, depuis 1945 avec le CNR.
Beaucoup de gens pressentent que le capitalisme nous programme des larmes et du sang. Ils savent aussi que les organisations de gauche ne sont pas à la hauteur de l'enjeu de civilisation de ce défi. C'est la raison pour laquelle ils ressentent le besoin de s'organiser en assemblées interprofessionnelles, en assemblées où personne n'est étiquetté, où chacun représente lui-même en toute responsabilité avec le souci d'y associer ceux qui n'ont jamais voix au chapitre.
La création de ces assemblées, de ces comités partout dans le pays ne s'oppose pas aux organisations syndicales ni aux partis politiques, tout simplement parce que tel n'est pas leur but. Leur but est aujourd'hui de permettre au peuple de s'organiser comme jamais il n'a pu le faire, en s'engageant résolument dans une lutte sans compromis avec le capitalisme, en dépassant toutes les divisions politiciennes pour se consacrer à une unité d'action de millions d'individus qui permette de gagner et d'être à l'offensive permanente.
C'est pour cela que j'ai décidé de rejoindre le CLAC, comité local d'agitation creilloise, composé de citoyens d'opinions diverses.
Aujourd'hui, après la manifestation unitaire de ce 6 novembre, s'est tenue une assemblée en ce sens salle Voltaire à Creil. Après débat il a été décidé de
créer ce CLAC. Des propositions d'action ont été présentées :
* la projection d'un film sur les Conti, suivie d'un débat avec des intervenants en lutte, comme les Conti, les Goss, Fakir à Amiens, les salariés de
différents secteurs, CPAM, cheminots, éducation, hôpitaux, etc...
* diffusion de tracts pour appeler a cette projection, soutenir les travailleurs en lutte, informer sur les réformes en cours, les luttes ici et
ailleurs, etc, pour continuer a mobiliser
* diffusion large du communiqué de presse des salariés CGT de l'entreprise Goss,
* une manifestation dans les quartiers populaires de Creil, avec ou sans mot d'ordre national de manifestation,
Ceci est un début puisque c'est une vingtaine de citoyens, d'élus, de militants syndicaux et politiques de différentes obédiences qui s'engagent dans ce processus à Creil. Mais partout dans le pays se constituent de telles assemblées qui ont d'ailleurs envoyé des délégués au "rassemblement national des interpos" à Tours ce week-end. C'est un début qui peut ouvrir une perspective politique réelle dans ce pays qui en a bien besoin en dehors des pièges institutionnels qui nous sont tendus.
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