Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006
21 Novembre 2010
Goss International, faut-il céder à l'odieux chantage PSE ou fermeture ?
Faut-il que cette société capitaliste en crise soit si perverse pour que des salariés soient conduits à choisir entre la peste et le choléra. Faut-il qu'il y ait tant de désarroi pour que des travailleurs soient acculés à considérer que leur organisation syndicale n'est pas sur la bonne voie ? J'ai appris par la presse les résultats d'un référendum par lequel une majorité de salariés a décidé de s"opposer à l'action entreprise contre le Plan de licenciements de crainte que cette action n'entraîne la fermeture de l'entreprise. Evidemment pour l'élu et le militant que je suis je comprends quelle peut être l'angoisse de ces gens qui sont sous l'épée de Damoclès de leur patron qui n'est autre qu'une province chinoise propriétaire de leur entreprise.
Je comprends leur choix dans la logique économique actuelle mais je ne le partage pas car je pense qu'il est indispensable de combattre cette logique destructrice. Hélas c'est peut être le défaut d'explications sur la nature même du capitalisme qui les a conduits à un tel choix. Hélas beaucoup d'entre eux pensent que les jeux sont faits, que ceux qui détiennent les capitaux sont les maîtres et le seront toujours et que par conséquent il vaut mieux choisir ce qui leur apparaît le "moins pire". Pourtant ce choix ne les garantit absolument pas contre une fermeture définitive de l'entreprise. Au contraire le patronat peut considérer qu'il est en face d'une division des salariés et en profiter pour accélérer le processus de liquidation d'une des entreprises de haute technicité de notre région.
J'ai écrit ici il y a quelques semaines que la question de fond était celle de la propriété de ce moyen de production qu'est Goss International Montataire. Pour moi, il y aurait une alternative possible, bien entendu il faut combattre le plan dit "social" mais surtout que les salariés adoptent une position offensive en se déclarant collectivement responsable de l'entreprise, ce qui nécessiterait de l'occuper et de mener la bataille politique et juridique pour imposer que leur action soit reconnue d'utilité publique afin de conserver l'outil de travail, le mettre sous protection des salariés, de la population, des élus. Cela nécessiterait une bataille politique d'ampleur de toute notre région, de tout le bassin Creillois. Mais on ne peut pas engager de telles actions sans l'adhésion combattante de la majorité des salariés.
Oui le capitalisme est cynique, il est pervers, il va conduire de nouveau des hommes et des femmes à "se vendre à la prime de licenciement" en affaiblissant un formidable outil de travail puis en le cassant définitivement si il n'y retrouve pas le taux de rentabilité nécessaire que l'actionnaire attend qu'il soit un individu ou une institution. Le capitalisme va continuer ainsi ses ravages jusqu'au jour où la grande masse des salariés s'élèvera contre lui pour organiser une riposte non seulement syndicale mais politique en exigeant la propriété sociale voire coopérative et autogérée des moyens de production. Sans cela notre pays verra son industrie décliner de façon irrémédiable.
Cela prouve encore combien il y a nécessité d'avoir au sein des entreprises des salariés acquis à la cause de la transformation de la société, des groupes d'action et de conviction politique menant le débat idéologique de fond avec l'ensemble des travailleurs sur la nécessaire rupture avec le capitalisme et l'invention d'un autre mode de développement économique. Ce combat doit être repris partout avec les militants les plus conscients de cette nécessité pour reconstruire une organisation qui oeuvre ouvertement et démocratiquement dans l'entreprise, qui écoute les salariés en leur apportant toutes les informations sur l'entreprise et la nature de sa gestion, qui réfléchit et construit avec eux des plans alternatifs de conquête du pouvoir et de la propriété de l'entreprise par une bataille politique à la fois locale, nationale et internationale.
C'est bien autre chose que l'affligeante démarche de combinaisons politiciennes entre partis à laquelle nous ont habitués les partis de gauche et qui ont permis aux capitalistes de conserver tous les pouvoirs dans ce pays, combinaisons que l'on veut nous resservir à l'occasion des prochaines échéances électorales. Il y a une urgente nécessité à développer le mouvement sur des bases de classe c'est à dire totalement autonome de tout ce qui de près ou de loin soutient le capitalisme, un mouvement indépendant de certaines directions syndicales et politiques qui n'écoutent plus les gens et sont intégrées totalement au système et qui n'apportent leur soutien que dans une visée électoraliste.
La crise capitaliste en cours est telle qu'elle secrète les propres fossoyeurs du système : cela n'est pas linéaire, les combattants de la société future sont éparpillés, mais ils sont au sein de notre peuple, déjà ou futurs animateurs de grandes luttes, il s'agit de les fédérer. Avec l'aggravation inéluctable de la crise capitaliste, ces hommes et ces femmes issus du peuple et de la classe travailleuse vont rompre avec le discours traditionnel des partis pour poser en terme profondément novateur l'alternative à la crise générale du système. Cela ne se fera pas aussi simplement qu'on puisse le penser, on le voit aujourd'hui avec les salariés de Goss International qui ne choisissent pas cette voie pour l'instant.L'expérience aussi douloureuse soit-elle est ce qu 'on peut nommer la pédagogie du réel. Il faut pourtant le dire, il n'y a aucune issue de développement de nos grandes entreprises si elles restent sous la coupe du grand capitalisme international.
La crise est si féroce qu'elle pourrait conduire certains à s'égarer vers l'extrême-droite en pensant que celle-ci serait un recours. L'histoire nous a montré qu'il s'agit au contraire d'une criminelle impasse. Impasse aussi, celle qui consiste à gauche à appeler les citoyens à se rallier à un parti ou à des alliances d'organisation et à en attendre un changement anti-capitaliste.
Alors que faire ? Dans la situation actuelle chacun tirera les enseignements de ses propres choix et il le fera de façon d'autant plus utile qu'il ne sera pas isolé et disposera d'une organisation qui donne réellement le pouvoir aux gens en les considérant comme les acteurs des transformations c'est à dire les acteurs du travail dans l'entreprise et ayant voix au chapître, les acteurs dans la cité aussi. C'est une autre pratique de la citoyenneté qui s'imposera par des luttes âpres car ceux qui détiennent le pouvoir à tous les niveaux ne sont pas prêts à se le voir contester.En ce sens, il faut en finir avec cette pratique insupportable des partis actuels qui prennent les citoyens pour des masses de manoeuvre électorale. C'est le combat pour lequel je m'engage avec mes amis notamment avec "Colère et Espoir" dans l'Oise et avec d'autres organisations en France et dans le monde. Les luttes de ces dernières semaines ont commencé à manifester cette tendance à l'autonomie du mouvement populaire à l'égard de toutes les bureaucraties syndicales et politiques qui ont pour fonction de stériliser la réflexion et le mouvement de transformation. Comme les séismes, nous avons vécu un premier tremblement de terre politique et social ces dernières semaines qui n'est rien en comparaison de ce qui va arriver. Préparons-nous !
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