Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006
8 Mai 2019
La dialectique matérialiste se pose comme une analyse du mouvement du contenu de la réalité, et une reconstruction du mouvement total. Elle se veut une méthode d'analyse pour chaque degré et chaque totalité concrète, et pour chaque situation historique originale et, en même temps, une méthode synthétique se donnant pour objectif la compréhension du mouvement total, en n'obéissant pas à des axiomes ou à de simples analogies, mais à des lois de développement. Elle vise ainsi à être à la fois une science et une philosophie, soit une analyse causale et une vision générale, avec pour objectifs une prise de conscience du monde donné, et une transformation de ce monde. Le rapport des éléments contradictoires est analysé comme une lutte et un rapport conflictuel d'énergies qui produisent la société moderne28.
La loi du passage de la quantité à la qualité signifie que tout changement qualitatif a pour base objective une modification quantitative de la réalité dont il est le résultat ; d'autre part, toute transformation matérielle s'accompagne d'une rupture qualitative. La loi de la négation de la négation considère que le développement de toute réalité s'explique par le mouvement de ses contradictions internes. Enfin, la loi de l'unité des contraires signifie qu'aucune contradiction ne se ramène à une opposition mécanique : la lutte des classes n'est donc pas l'affrontement de groupes sociaux autonomes, mais de contraires objectifs - la bourgeoisie et le prolétariat unis par leur appartenance commune au système capitaliste23.
Les choses puisent ainsi leurs différences, ou leurs déterminations, non pas dans une transcendance, mais dans le développement de leurs contradictions au sein d'un même mouvement : la dialectique marxiste se veut donc une philosophie de l'émancipation sociale : en analysant comment la production des moyens d'existence a bouleversé la place de l'homme dans la nature, Marx et Engels déterminent l'origine de la domination sociale, qui ne saurait avoir qu'un temps. La division de l'humanité en dominants et dominés, en fonction du jeu des contradictions, ne manquera pas de se changer en son contraire29. Le matérialisme dialectique rejoint le schéma de la lutte des classes, que Marx et Engels voient comme la clé de l'économie politique : à la thèse du communisme primitif succède l'antithèse de la société marchande mue par la lutte des classes, qui devra elle-même faire place à la synthèse d'une société sans classes, qui deviendra le nouveau communisme30. Marx théorise ainsi l'effondrement du capitalisme par son mouvement dialectique et l'accumulation de ses contradictions : la thèse - l'accumulation primitive du capital - est contrebalancée par l'antithèse - une prolétarisation et une paupérisation croissantes. L'éclatement des contradictions du capitalisme - la baisse tendancielle du taux de profit, le dynamisme anarchique du régime capitaliste, le désordre des marchés - conduira à un effondrement généralisé du capitalisme, accompagné d'une révolution prolétarienne31.
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