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Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006

AVOIR DES CANDIDATS COMMUNISTES À TOUTES LES ÉLECTIONS, Y COMPRIS PRÉSIDENTIELLE !

AVOIR DES CANDIDATS COMMUNISTES À TOUTES LES ÉLECTIONS, Y COMPRIS PRÉSIDENTIELLE !
 
 
Si LA FRANCE INSOUMISE (LFI) a « récupéré « électoralement en 2017, non pas les déçus du PCF, mais un certain nombre des déçus du PCF c’est de la responsabilité du PCF qui a ces dernières décennies abandonné l’organisation et la stratégie que doit avoir un parti révolutionnaire et qui de ce fait n’a pas présenté de candidat dès le 1er tour .
Mais LFI aurait tort de considérer que ces citoyens lui sont acquis. En effet les électeurs de sensibilité communiste, ceux qui votaient régulièrement PCF il y a encore quelques années sont très dubitatifs sur les partis politiques se réclamant de la gauche et très critiques vis à vis de la dérive huiste et réformiste du PCF de ces 30 dernières années mais beaucoup cherchent et expérimentent des solutions militantes nouvelles et le dernier congrès de 2018 a ouvert un espoir de reconstruction d’un PCF qui emprunterait une voie révolutionnaire, même si cet espoir reste mince. Cet espoir peut devenir beaucoup plus partagé dans les prochains mois si les divers courants se réclamant du marxisme et du marxisme-léninisme dans et hors du PCF agissent pour reconstruire le parti révolutionnaire.
Les dirigeants du Parti de Gauche (PG) qui sont les principaux Influenceurs et théoriciens des thèses adoptées par la France insoumise ont conscience que le « dégagisme » qu’ils ont théorisé les concerne aussi et ils le craignent car ils se placent dans une perspective essentiellement électorale : en effet ils n’ont jamais donné de priorité à l’existence d’organisations citoyennes de base ce qui d’ailleurs les a desservi totalement aux municipales de 2020 qui ont été un échec total pour eux. Leur objectif est d’engager une bataille politique d’ici 2022 qui doit permettre d’entraîner le peuple à les soutenir électoralement et à exiger une réforme des institutions (Constituante et 6eme Republique ) qui serait sensée donner aux citoyens les moyens de transformer la société. Une transformation qui a le nom d’eco-socialisme. A y regarder de plus près, les mots de « révolution citoyenne » et de « changement de régime » n’ont jamais eu le sens chez les dirigeants du PG-LFI de transformation de la société capitaliste en une société socialiste au sens marxiste du terme.
Pour eux cette révolution porte essentiellement sur une évolution des institutions de telle sorte qu’elles soient davantage en phase avec l’exigence de démocratie exprimée par la société sans pour autant engager une transformation révolutionnaire de ses structures économiques, de ses rapports de production, de la nature de la propriété des grandes entreprises d’intérêt national et international.
De mon point de vue penser transformer la société en intervenant uniquement dans les institutions voire en les « démocratisant » est un leurre. C’est prendre le problème à l’envers. En effet ce qui fait que les institutions existent, telles qu’elles servent le capitalisme, c’est d’abord et avant tout que la base matérielle de la société autrement dit le fonctionnement des entreprises, leur propriété, ce qu’on nomme le mode de production est pour l’essentiel capitaliste en particulier pour tous les grands secteurs clés de l’économie (Energie, transport, agro-alimentaire, eau, communications, armement...) et en phase de transition vers la privatisation (logement social, santé, éducation, services publics). Il est illusoire de penser que sans transformation de ce mode de production capitaliste qui permet l’accumulation du capital au détriment du travail, on puisse modifier les rapports sociaux et les institutions. Et c’est sur cette question fondamentale que je ne trouve pratiquement rien ni dans les interventions des élus FI ni dans son programme LAEC (concernant les nationalisations ne sont évoquées que la branche énergie maritime d’Alsthom et le chantier naval STX de Saint-Nazaire !).
Le contenu du projet du PCF, lui, propose de « relancer la production par des investissements massifs en faveur d’un Plan national de réindustrialisation du pays piloté par une planification rénovée et démocratisée et
la Constitution de pôles publics d’entraînement industriel et de services autour de
sociétés publiques, de sociétés à capitaux mixtes et de sociétés nationalisées. » sans préciser d’ailleurs quelles seraient les entreprises nationalisées.
Le programme du PCF est beaucoup plus ambitieux que celui de la FI et surtout préconise une avancée sur la question de la transformation du mode de production. Alors que le PCF maintient son objectif d’une autre organisation de la société que celle du capitalisme, la France insoumise ne peut pas y prétendre puisqu’elle ne prendrait pas les mesures pour y parvenir. Cependant le PCF reste insuffisamment explicite sur les secteurs clefs dont la propriété devrait revenir à la nation et aux travailleurs. Le PCF estime à juste titre que « la réussite passera par des droits d’intervention des salarié-e-s sur les stratégies et les gestions.
Elle passera par de nouveaux critères de propriété pour que le partage et les coopérations l’emportent sur la concurrence érigée en système »
Le PCF semble donc ne pas définir à l’avance quelles seraient les secteurs et entreprises à socialiser considérant peut-être que c’est aux travailleurs et au peuple d’en décider ? Mais il n’y a pas de possibilités de dépasser le capitalisme à mon avis si il n’y a pas de rupture même progressive avec lui et cette rupture doit s’inscrire dans des mesures économiques, politiques et idéologiques.
Economique par la socialisation des moyens de production sous diverses formes (Étatisation, nationalisation, entreprises mixtes à capital social majoritaire, coopératives ...) décidées par les producteurs et par le peuple.
Politique par une gestion démocratique des entreprises concernées en liaison avec une planification nationale qui doit aussi être débattue par le parlement et soumise à consultation des citoyens.
Idéologique et pédagogique avec la liberté d’exercice de l’activité syndicale mais aussi de l’activité politique au sein de l’entreprise couplées au développement de formations outre scientifiques et techniques mais aussi en philosophie, histoire, économie dans les collectifs de travail, afin que les travailleurs éclairent leurs choix de gestion à partir du patrimoine intellectuel et des expériences d’autres entreprises, du pays voire du monde.
J’estime donc fondamentale l’affirmation selon laquelle aucune société ne peut se transformer sans prendre en compte l’état de son mode de production et les conditions qui lui permettrait de l’améliorer, de le transformer pour satisfaire les besoins des producteurs et de la nation.
Ainsi c’est à l’aune de cette donnée majeure qu’il faut envisager l’action politique et non sur la base idéaliste selon laquelle ce serait les institutions même les plus démocratiques possibles qui pourraient transformer la situation.
Ainsi, il est pertinent de considérer que les sympathisants et militants communistes ont utilisé le vote Melenchon en 2017 car il n’avaient pas d’autres choix (il n’y avait pas de candidat PCF au 1er tour). Ils l’ont fait sans trop d’illusions échaudés qu’ils l’ont été par l’expérience de l’union de la gauche sous les présidences de Mitterrand . Ils font partie des électeurs les plus politisés et les plus conscients de la lutte des classes, Si ils ont demain un PC qui se reconstruit sur des bases marxistes c’est à dire un parti de classe offrant une perspective communiste (qui part de l’indispensable rupture dans les luttes ouvrières et du salariat avec le mode de production capitaliste) pour la France, je pense qu’ils estimeront nécessaires que le communisme sous la forme d’un projet à débattre avec le peuple soit présent dans toutes les élections et voteront alors pour le PCF qui pourrait reconquérir progressivement son influence et devenir le parti révolutionnaire du peuple.
Aujourd’hui, LFI reproduit la même thématique réformiste et electoraliste du « Vote utile » qui fut celle du PS, et son hégémonisme qui se manifeste en permanence n’est pas sain pour la démocratie. Les vrais démocrates, au contraire, agissent pour que la préparation des élections soient des moments puissants de luttes et de débats politiques pluralistes au sein du peuple. Souvenons-nous qu’en 2005 la bourgeoisie et la social démocratie représentées par la droite et le PS ont été battues au referendum sur la Constitution européenne en raison de l’existence d’un formidable débat pluraliste qui avait animé tout le pays indépendamment de l’énorme pression médiatique !
Pour cela aussi, l’expression de l’identité communiste est une chance et une garantie pour le peuple de sortir du cercle vicieux dans lequel personne, parmi les grandes formations, ne pose aujourd’hui la question fondamentale du mode de production, de l’utilisation de l’argent, de l’autogestion ouvrière et populaire.
En effet le rassemblement populaire qui a été celui de 2017 avec la France insoumise structurellement fondé sur une démarche électorale, visait à élire Jean-Luc Mélenchon sur la base d’un programme l’avenir en commun (LAEC) qui n’est pas un programme communiste. Ce programme, en effet, ne se donne pas pour but une transformation du mode de production capitaliste car il ne pose aucunement la question de la propriété privée capitaliste des grands moyens de production des secteurs stratégiques de l’économie nationale . Le fait qu’il n’y ait pas eu de candidat du PCF lors des échéances précédentes n’a pas permis aux gens de débattre sur ce que devrait être un projet communiste et de se doter d’un vrai programme communiste, c’est à dire d’un projet écrit par les communistes mais soumis aux travailleurs, à leurs amendements.
Ce débat dans le peuple sur le communisme pour la France et le monde qui aurait dû être animé par le PCF depuis le bouleversement international causé par la fin de l’Union soviétique, n’a jamais vraiment existé, car la déferlante idéologique à l’échelle mondiale des libéraux et l’anti-communisme ont été tels que les communistes ont du faire face à une forme de défaitisme voire pour certains à une adhésion à certaines thèses selon lesquelles l’expérience historique du « communisme réel » invalidait toute perspective révolutionnaire. Il faut dire que les analyses développées alors par le PCF sur « l’effondrement » des pays socialistes auraient mérité d’être plus approfondies et critiques qu’elles ne l’ont été ce qui a permis à la bourgeoisie de clamer « la mort du communisme ». Faiblesse idéologique du parti d’autant plus dommageable que le PCF a abandonné dans beaucoup de Federation s et sections, l’organisation structurée en cellules de bases au plus près des gens préférant devenir un parti de « communication » dans le peu d’espaces que lui donnent les medias plutôt que de favoriser l’existence d’un parti doté d’un programme qui soit au cœur d’échanges et de confrontation démocratique dans les luttes et dans la vie quotidienne des gens.
Par ailleurs un projet communiste de notre temps doit être élaboré par les communistes mais n’a de sens que si il est concrètement soumis à la réflexion des citoyens en le faisant vivre dans les luttes, or le PCF ces dernières décennies a davantage couru pour tenter de remonter la pente de son déclin électoral par des préoccupations strictement politiciennes d’appareil et non par une activité conséquente donnant la priorité à son rapport aux citoyens et en particulier aux travailleurs au tout premier chef aux ouvriers qui représentent 6 millions de salariés et qui sont les « oubliés » de la politique.
J’ai pour cette raison quitté le PCF en 2009. En 2017 j’ai participé à la campagne de la FI, j’étais même délégué de JLM dans ma ville à Creil. Je l’ai fait sans illusion comme beaucoup de communistes pensant qu’il y avait une opportunite s’ouvrît une perspective politique. Mais la FI est un mouvement électoral fondé dans le but de gagner des élections et non de donner la priorité à l’action révolutionnaire. J’ai voulu agir au sein de la FI pour qu’elle se structure sur des bases populaires d’action des gens sur le terrain... et sur des bases de lutte marxiste contre le capitalisme. Je me suis heurté à l’électoralisme et à des conceptions purement réformistes des militants du PG qui n’ont pas comme projet le communisme. Quant au PCF j’observais son insuffisance de rapports aux citoyens seulement centrée sur le communisme municipal mais sans réelle organisation politique active à partir des problèmes rencontrés par les citoyens, et par un manque de clarté vis à vis des socialistes comme si pour des raisons électorales il fuyait le débat idéologique de fond.
Les objectifs de la FI avec son programme LAEC sont limités en terme de transformation : elle ne vise aucunement le communisme mais une forme réformiste du pouvoir à la Keynésienne. Je considère pour ma part que nous devons rompre avec le capitalisme et par conséquent promouvoir pour cela un projet communiste et une organisation de type marxiste-Leniniste moderne qui permette au peuple de conquérir le pouvoir économique et politique. C’est pour cette raison que je pense qu’il faudrait réouvrir le débat sur ce que pourrait signifier au XXIeme siècle les concepts de « dictature du prolétariat » et de « centralisme démocratique » qui ont été dans le passé insuffisamment travaillés. Cela signifie assurément la reconstruction au sein du PCF de cellules du parti liens vivants permettant l’articulation parti révolutionnaire/peuple en permanence pour que les gens fassent de la politique là où ils vivent et où ils travaillent.
En ce sens je milite pour que le PCF se débarrasse de toute orientation réformiste et présente un projet communiste à toutes les élections. Cela n’est possible que si il y a un (ou des) candidat communiste apte à porter le projet relayé par des dizaines de milliers de militants dans les localités et entreprises dans le but que le projet communisme soit débattu par le peuple. Sans ce réseau militant de lien avec les salariés et l’ensemble du peuple le projet sera déformé et caricaturé par les médias bourgeois à la solde des grands capitalistes afin de le discréditer et dans le but que le peuple parle de tout sauf du communisme qui est la réponse la plus pertinente pour développer le pouvoir du peuple sur son destin.
On ne peut aucunement et raisonnablement penser qu’une transformation globale et profonde de la société dans un sens démocratique puisse se réaliser sans l’intervention politique du peuple et en son sein de la classe travailleuse. Cette intervention ne pourra être victorieuse que si elle est majoritaire mais elle ne pourra l’être que si elle est fondée sur un projet politique construit dans les luttes et pas seulement par une organisation même se réclamant de la révolution.
Ce projet devra démontrer la nature de classe de la transformation nécessaire sinon il mènera à de fortes désillusions et à de graves échecs autrement dit si ce projet ne favorise pas une dynamique de mobilisation qui ne doit pas être prioritairement électorale, si il n’incite pas les citoyens dans leur diversité à créer les conditions du communisme dès maintenant là où ils vivent et ils travaillent pour qu’ils soient les acteurs au quotidien de la révolution, il n’y aura aucune transformation démocratique.
Le communisme en projet n’est pas que théorique : il est le mouvement du peuple pour construire des solutions à ses besoins dès maintenant sans attendre les échéances électorales imposées dans les conditions voulues par la classe capitaliste. C’est de ce mouvement concret de rassemblement du peuple contre toutes les mesures imposées par le capitalisme que les communistes doivent faire accoucher ce que le peuple et la classe ouvrière ont de meilleur en eux pour unir et remporter des victoires décisives.
L’image contient peut-être : texte qui dit ’PCF TI COMMUNISTE FRANÇAIS’
 
 
 
 
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