Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006
23 Février 2009
Franck Brenner, le lundi 23 février 2009 à 04:00
Un élu frappe aux portes du Venezuela pour développer une coopération décentralisée. Objectif : échanger du pétrole contre des marchandises, des services ou des technologies.
Du pétrole vénézuelien à bas prix dans les bus des collectivités locales : l’idée lancée à Creil par l’adjoint communiste, Jean-Paul Legrand, a d’abord fait sourire. Mais depuis la visite, la semaine dernière, de l’ambassadeur de la République bolivarienne du Venezuela en France, au siège de la communauté d’agglomération creilloise, voilà qui rend le projet plus crédible.
Car Jesus Arnaldo Perez, ancien ministre, ne s’est pas déplacé dans l’Oise par simple courtoisie. Celui-ci s’est dit favorable à une coopération décentralisée avec les collectivités territoriales pour échanger le pétrole de son pays contre des services, des compétences ou des technologies : « A condition d’une volonté politique et sociale. »
Déjà effectif aux Caraïbes Ce modèle basé sur le troc et le libre-échange est d’ailleurs en marche en Amérique latine à travers la zone économique de l’Alba, mais aussi Petrocaribe, une alliance signée entre le Venezuela et 16 autres Etats des Caraïbes leur permettant de ne payer que 60 % de leur facture pétrolière. Le solde est réglé en contrepartie de marchandises ou de compétences dont manque le Venezuela.
Ainsi, le Nicaragua échange 40 % de sa dette pétrolière contre des haricots. A l’heure où les collectivités sont contraintes de réduire les dépenses publiques, Jean-Paul Legrand n’exclut pas que cette révolution économique puisse s’exporter localement : « Il y a une réelle volonté du Venezuela de mener ces expériences de coopération internationale avec des villes de taille moyenne. C’est possible, et pas seulement par le biais du pétrole, mais il faut maintenant convaincre les élus. »
Un an pour réussir
Le gouvernement d’Hugo Chavez, qui entretient de bonnes relations avec la France, s’intéresserait de près aux expériences locales dans les domaines du traitement des déchets, de la recherche et du développement, de l’ingénierie publique, de la logistique, de la biologie agroalimentaire, de la chimie mais aussi de la démocratie communale. Le sport et la culture pourrait dans un premier temps constituer des vecteurs d’échanges « réciproquement favorables ».
Des possibilités qui laissent cependant encore sceptique la communauté d’agglomération creilloise. Mais Jean-Paul Legrand croit en la révolution : « J’ai bon espoir que le projet avance d’ici un an. Si on ne saisit pas l’occasion, d’autres la saisiront. »
Edition France Soir du lundi 23 février 2009 page 10
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