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Politique, culture, éducation, formation pour la vie démocratique - blog créé le 10 mai 2006

Conseil municipal de Creil

Déclaration de Jean-Paul LEGRAND
pour le groupe communiste
Débat d'OrientationBudgétaire
 
Conseil municipal de Creil  du 23 février 2009
 

La majorité municipale que les Creillois ont élue en Mars 2008, a l'ambition de promouvoir une politique résolument destinée à améliorer le quotidien de l'ensemble des Creillois notamment en favorisant  une intercommunalité, fondée sur une coopération interterritoriale jouxtant les moyens et les individus, avec l'impérieuse nécessité, d’un essor économique et démocratique. Telle est l'ambition à laquelle cette majorité s'en remet et davantage encore les élus communistes présents lesquels tiendront encore et toujours leur place et toute leur place puisque ne l’oublions pas, les Creillois l’ont décidé ainsi et très clairement par leur vote nous accordant plus du  double des suffrages qu’ils nous avaient accordés auparavant.


Cependant la réalité promeut des situations souvent en contradiction avec la volonté politique même la plus affirmée. Le président de la République et sa majorité ont une lecture différente de la situation prévalant sur nos territoires et parfois on peut même s'interroger et convenir, que nous ne nous situons pas sur la même planète, tant nos analyses divergent. La crise tel un révélateur photographique a mis en lumière la vérité sur la nature de classes du système dans lequel  les nantis empruntent et puisent leur puissance à la finance et les humbles leurs oripeaux à la misère qu'ont leur consent,  leurs difficultés croissantes à une politique qui constamment  les méprise.

Le capitalisme, ne s'émeut point des cohortes de sans emploi et de sans logement que sa prédation et sa voracité livrent à la déshérence, attendu qu'il s'agit  d'abord de préserver un taux de profit constant. A force de rechercher  une rentabilité  croissante du capital le système appauvrit la société, consacre l’argent à la finance au détriment du travail. Il ne suffit pas de le constater, il faut éradiquer les causes du fléau, j’ai nommé l’exploitation capitaliste, car enfin nommons les choses par leur nom.

 

La colère antillaise est là pour nous le rappeler, nous ne sommes pas prêts à accepter la soumission aux injonctions de quiconque qu’elles soient patronales ou présidentielles, nous repousserons ces nouvelles féodalités qui tentent de nous plier à des intérêts qui ne sont pas les nôtres et qui conduisent aux pires divisions, à la concurrence criminelle entre les peuples, à une guerre économique qui débouche en définitive à la guerre, à la haine et à la répression des peuples insoumis comme nous venons de le voir à Gaza, à qui nous apportons notre solidarité et notre totale soutien dans la reconnaissance et la condamnation du crime que son peuple a subi. Alors que nous avions eu jusqu’ici des chefs d’Etat qui avaient au moins la décence de ne pas afficher de façon ostentatoire leur condition de classe, des laudateurs d'acabits divers, révèrent un président absolu brandissant un luxe de mauvais goût à la face de son peuple en souffrance, dispensant  sa magnanimité aux puissants  et sa rudesse aux gens modestes, au prétexte que l'on sauvegardera l'emploi et l'activité.

 

En 1977, le chef du gouvernement nouvellement intronisé, célébré par ses pairs comme un économiste sans égal, nous tenait déjà ce discours, avec en prime un retour sur investissement dont les bénéfices irradieraient le peuple. Ce fameux peuple que l'on exhorte à produire, à défendre la patrie, que l'on cajole ou que l'on berce selon les circonstances, que l'on trompe, mais auquel aucune reconnaissance n'est décernée, ce peuple de qui est tirée toute la richesse et à qui l’on refuse le minimum des minimums : le respect de sa dignité. Au point même que sa souveraineté même a été bafouée par une décision où les politiciens ont le temps d’une journée à Versailles rayé d’un trait de plume le NON qu’ il avait clairement prononcé lors du référendum sur la Constitution européenne ". Gardons nous de la condescendance dans laquelle nos gouvernants actuels tiennent le peuple, dont nous sommes les représentants élus, car il se pourrait que tonnent les mots prononcés par Louis Antoine de Saint-Just "Osez ! Ce mot renferme toute la politique de notre révolution."

 

Et le peuple sait oser. Car le peuple ne vit pas que de pain, il ne faut ni blesser son âme, ni meurtrir sa dignité, sinon tel un volcan et, l’histoire n’a cessé de le montrer, son  éruption est fatale à tout pouvoir.

 Les récents diktats que le président de la République, a énoncé inclineront les communes à se restreindre car la suppression de la Taxe professionnelle entravera leur développement ainsi que le maintien des services à la population  et plus encore les emplois inhérents, cette décision illustre le prétexte: "le maintien de l'emploi par l'investissement", alors que les communes sont de loin les premiers investisseurs dans ce pays, dans les départements et  les régions. Mais ses intentions présentées comme louables, ne dissimulent elles pas le démembrement territorial au terme duquel ne subsisterait que des régions remaniées et agrégées sous tutelle de la commission de Bruxelles, les communes et les départements disparaissant. Les transferts de charges liées à la diminution des dotations publiques est un autre facteur désagrégeant les structures institutionnelles et en particulier les budgets communaux.

Cette politique décrétée sans concertation et mise en œuvre a comme objectif unique la destruction des institutions démocratiques au profit d'un capitalisme omnipotent mais à bout de souffle. On affaiblit la puissance publique  pour tenter de renforcer l’intérêt privé et mercantile, comme si la Nation, les communes, les gens étaient à vendre ! On tente de mettre sous perfusion le cadavre du capitalisme moribond en tirant le sang du corps social  qui ne demande qu’à s’émanciper de ce régime de plus en plus insupportable.

Nous le disons, et nous le clamons, rien ne pourra nous faire taire, rien ne pourra entraver l’action communiste, nous refusons que le Monde, l’Europe, la France deviennent des marchandises. Nous refusons que la commune soit assassinée, elle qui est le creuset de la démocratie, le foyer premier de nos libertés. Mais dans ce refus nous plaçons l’espérance que fait naître la lutte  contre le fétichisme de l’argent et pour que se révèlent les seules valeurs qui comptent : les valeurs humaines !

Malgré le contexte où dominent les décisions iniques des hommes du capital et du pouvoir, nous avons le devoir de soutenir et de défendre les exigences de notre population,  de tracer les perspectives que les creillois nous ont délégués.  Les contraintes peuvent amenuiser les plus fortes  volontés, si nous ne nous préparons pas au combat.  Car il s’agit d’une lutte sans merci entre ceux qui veulent nous agenouiller pour nous donner le coup de grâce et tous ceux, nous tous,  qui devons au contraire nous saisir de la conscience de notre force pour abattre la tyrannie de ce despotique système qui  vient, clairement de démontrer, au travers de sa crise,  le peu de cas qu’il fait de chaque être humain !

 

 La décision de supprimer la taxe professionnelle conduira notre commune à choisir inéluctablement entre une augmentation des impôts ou une suppression de services, ou les deux à la fois et donc à un nouvel appauvrissement de notre collectivité, alors que le capital ainsi exonéré pourra librement s’enfuir sous d’autres cieux, voire s’évaporer dans une spéculation mortelle qui fonde le système financier actuel mais ruine les économies  et le développement des nations !  Nous appelons les Creillois à refuser cette mesure de classe, totalement inique, économiquement et socialement inefficace, qui symbolise à elle seule, le peu de cas qu’un seul homme qui détient le pouvoir fait de nos collectivités. Ce mépris n’a que trop duré : nous en appelons à la mobilisation générale, à un grand mouvement populaire  et démocratique pour organiser une offensive résolue afin de changer de pouvoir, de politique et de société. Les élus communistes déploieront leur action aux côtés des Creillois  qui doivent être assurés que nous ne céderons à aucune menace, à aucun chantage, à aucune pression d’où qu’ils viennent qui tenteraient de nous détourner de l’objectif pour lequel nous avons été élus et qui a pour nom la mise en œuvre d’un programme dont l’audace se fonde sur et avant tout le développement économique de notre cité.

Car il existe  des potentialités de prospérité en devenir, des opportunités trop longtemps négligées, dont les Creillois ont le devoir de s'emparer et de négocier au mieux. Le Canal Seine Nord que certains ont,  à tort, tendance à considérer comme une arlésienne, sera une réalité en 2015, que le bassin creillois ne pourra plus ignorer car se serait s'abstraire d'un passé, ayant permis l'expansion de ce territoire autour de sa rivière  d'abord,  de son chemin de fer ensuite.

L'ouvrage de 106 kms entre Compiègne et Aubencheul au Bac permettra au réseau fluvial national  d'être relié au réseau fluvial européen, dont le gabarit permet d'accueillir désormais des embarcations ayant un tonnage  compris entre 3500 et 4400 tonnes l'équivalent de 500 camions, véritable paquebot fluvial de 180 mètres de long et destiné à convoyer du vrac et des containers. Cet insert structurel est une opportunité concernant toutes les communes traversées par l'Oise et doit être l'occasion de mettre en exergue les possibilités économiques et territoriales de chacune d'entre elles, offrant ainsi la perspective d'un plan de développement autorisant l'ensemble du territoire à se régénérer.

Concernant Creil, la municipalité s'impliquera dans la mise en œuvre d'un port fluvial aux abords de la Vieille Montagne, intégrant une dimension tertiaire : Accueil des sociétés de logistique ainsi que les affréteurs et un périmètre dévolu à de l'entreposage mais réservant une part importante à une Marina servant à l'accostage des embarcations de plaisance notamment en période d'hivernage et augurant de l'attractivité touristique qu'offre la proximité de Saint-Leu (abbatiale) Saint Maximin (les carrières la maison de la pierre) Chantilly (château) Senlis (ville musée) sans oublier notre propre musée tout à fait remarquable et que nous devons davantage promouvoir.  Il n’est pas exclu non plus que dans le cadre d’une coopération intercommunale élargie, des espaces aujourd’hui sans activité puissent être destinés à des ateliers de réparations de barges voire de construction de celles-ci. Rien n’interdit d’envisager de tels développements qui nécessitent d’être étudiés et soutenus par une  réelle volonté politique.

Mais que serait il advenu de Creil si le chemin de fer n'avait pas été l'un des vecteurs de son expansion ? Car une fois encore, la destinée de Creil si nous en avons la volonté, rencontrera la voie ferroviaire. En effet, la ligne Creil-Roissy permettra à 15000 picards de rallier quotidiennement  la plateforme aéroportuaire  de Roissy  en évitant le détour par  Paris-Nord et autorisera nombre de nos concitoyens à postuler vers ce pôle d'activité. Cette infrastructure ferroviaire au service des voyageurs devra être en capacité d'acheminer aussi le fret en provenance de Roissy à destination de la Picardie et hors de Picardie soit en empruntant la voie terrestre ou fluviale. Ainsi Creil et les autres territoires ont l'aptitude d'initier des modes de locomotion multimodaux en relation avec un tissu économique dont l'expansion dépend  d'une dynamique territoriale qu'ensemble nous pouvons générer.

Il serait également dommageable que Creil "ville monde" par excellence ne se prête pas à des expériences fructueuses avec d'autres continents. Récemment une opportunité s’est présentée à nous qu’il faudrait savoir saisir. L’Ambassadeur  du Venezuela  a rendu visite aux représentants de notre communauté de communes et  s'est efforcé de présenter les projets et les réalisations de cette nation latino- américaine, en matière de coopération avec des collectivités publiques comme Londres ou certaines cités américaines et latino américaines fondés sur des transactions monétaires, concernant entre autre les hydrocarbures, mais incluant une part non monétaire, laquelle admettrait une contribution en nature sous forme de produits manufacturés ou de mise en synergie de moyens humains et matériels contribuant à une réalisation commune. Et pour quelle raison le représentant de ce pays de plus en plus reconnu sur la scène internationale est-il venu précisément dans notre agglomération ? Parce que nous a-t-il dit, le Venezuela est à la recherche d’expérience d’entité comme la nôtre à dimension humaine, évitant le gigantisme des métropoles et parce qu’ il existe ici une tradition sociale et populaire spécifique. Devrions nous alors ignorer cet appel sans ambiguité à la coopération ? N’est-ce pas une chance pour s’ouvrir à un nouveau type d’échange qui ne passe plus seulement par l’argent mais aussi par l’échange de compétences et de savoir au moment où justement le système de la finance fait s’effondrer le monde ?

Soyons audacieux, cessons de craindre les idées nouvelles, portons ensemble des projets novateurs qu’ils soient liés à notre rivière, au chemin de fer ou à l’échange avec la nouvelle Amérique des peuples. Voyons que le monde bouge, non pour demander comme certains de nouveaux sacrifices, non ! Voyons comme le monde bouge et lutte afin d’ y puiser les meilleures idées et de s’inspirer des plus fortes actions d’émancipation !

On sait bien que ceux qui proclament l’audace sans vraiment vouloir en prendre le chemin risquent à terme d’être dépassés par le cours des événements. Il ne faut donc pas hésiter : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace !  s’exclama Danton qui appela le peuple à refuser que le gouvernement batte en retraite face aux armées contre-révolutionnaires et dont la détermination rencontra une mobilisation populaire et militaire  qui mit en déroute à Valmy les ennemis la révolution. Une audace d’ailleurs qui fut partagée durant la bataille de Valmy par Francisco de Miranda, révolutionnaire vénézuélien qui s’engagea sans hésiter en faveur de notre révolution française  et fut élevé au grade de Général de la République Française. Car la coopération entre nos deux nations a été scellée par de tels actes en faveur de la Liberté !

Dans les moments les plus difficiles de l’Histoire, des hommes ont su se lever, ils ont su inventer de nouvelles voies pour affronter l’adversité et guidés par les idéaux les plus justes ils ont su mobiliser ceux qui hier étaient humiliés, affaiblis, ou désespérés et qui dans le combat ont retrouvé le goût de vivre, d’agir et d’espérer.

Les graves menaces que la politique actuelle de ce gouvernement et de ce système  brandissent  ne doivent donc en aucune manière affaiblir notre volonté, ou encore neutraliser nos ambitions communales et intercommunales car comme l’a dit Abraham Lincoln "Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps"  

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